ET SI DANS UN MONDE QUI A FAIM, LES VILLES DEVENAIENT DES FERMES ?
Et si l'explosion démographique faisait de la faim un fléau mondial permanent ?
Et si les futurs défis agricoles obligeaient les villes à se repenser entièrement ?
Et si l'agriculture faisait un retour en force dans les mégalopoles ?
Et si on était à l'aube d'une nouvelle révolution urbaine ?
Et si l'idée de fermes verticales n'était qu'un gadget pour pays riches ?
Bref, et si on prenait un peu de temps pour essayer de comprendre comment les défis démographiques et alimentaires du XXIe siècle pouvaient redessiner nos villes demain ?
Les chiffres sont connus.
Si la croissance démographique mondiale se poursuit au rythme actuel, la terre abritera 9 milliards d'habitants en 2050, dont près de 6 milliards vivront en ville. Ce qui veut dire que d'ici quatre décennies - c'est à dire demain - il va falloir nourrir 3 milliards de personnes en plus sur des territoires qui seront a priori toujours plus urbanisés, pollués ou en voie de désertification.
Et ce alors que comme le rappelle Frédéric Lemaître, auteur de Demain la faim ! déjà « trois milliards de personnes se privent régulièrement de nourriture, 2 milliards souffrent de malnutrition, 1 milliard de la faim et que 9 millions en sont mortes en 2009. »
Pour lui le défi est à la fois simple et terrible : « d’ici 2050, les besoins en produits alimentaires doubleront, conséquence notamment de l’évolution de la consommation, de plus en plus riche, et de plus en plus carnée : la consommation de viande a quadruplé en Asie de l’est depuis les années 60, et l’Inde suit le même chemin. Mais s’il faut 1500 litres d’eau pour produire un kilo de blé, il en faut 15 000 pour un kilo de bœuf…. Sans parler des biocarburants : la quantité de céréales requises pour remplir d’éthanol le réservoir d’un 4 x 4 pourrait nourrir une personne pendant une année ! Il va donc falloir produire bien davantage. Comment ? »
Comment ? C'est, en effet, toute la question, et c'est pour cela que nous avons invité Michel Griffon, auteur de Nourrir la planète. Si selon cet agronome, on a tenté, dans les années 60, de faire face au défi de la faim « par la Révolution verte, fondée sur la génétique, les engrais, les pesticides, des politiques publiques vigoureuses. Cette stratégie ne suffit plus. »
Nous avons vu avec lui quelles solutions il imagine pour l'avenir et, notamment, si l'idée de transformer les villes en ferme avait un sens pour répondre aux défis agricoles du XXIe siècle. Cette question était d'autant plus importante que les courants d'Urban agriculture et d'Urban farming connaissent aujourd'hui un vrai succès dans de nombreux pays anglo-saxons, et que se banalise de plus en plus l'expression de Vertical Farm.
Notre invité :
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Michel GRIFFON, agronome, économiste et Directeur général adjoint de l'Agence Nationale de la Recherche.
En introduction, François BELLANGER a présenté HUNGRY CITY, réflexions sur les nouvelles formes possibles que pourraient prendre, dans les décennies à venir, le retour de l'agriculture dans les grandes villes du monde.
Sur ce sujet, voir Farm City et Hungry City.