Vers une voiture à tous les étages ? La voiture, une pièce en plus ?
avec :
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François SEIGNEUR, architecte,
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et des représentants de Renault et du groupe PSA
Sacrée voiture !
Voilà en effet un objet destiné à nous déplacer et qui pourtant ne bouge en moyenne que ... 48 minutes par jour.
Un paradoxe pas très nouveau qui a très vite amené les urbanistes et les architectes à se poser la question du garage dans les grandes villes. C'est ainsi qu'apparaît dès 1925 à Paris le premier immeuble avec six places de parkings individuels (pour 25 logements). En 1950, les pouvoirs publics conseillaient de construire 1 place de parking pour quatre logements, puis en 1960 une place pour un logement. Sept ans plus tard, les plans d'occupation des sols recommandaient eux 1,5 place par logement.
A l'époque, le taux d'équipement etait de 42%. Aujourd'hui, il est de 80%, et près de 25% des ménages français comptent deux voitures. Des chiffres qui, en toute logique, devraient imposer deux parkings par logement. Mais les dégâts du tout automobile (pollution, bruits...) ont incité les pouvoirs publics a changer leur fusil d'épaule avec la nouvelle loi SRU (dite loi de Solidarité Urbaine) dont l'un des objectifs est de restreindre la place de l'auto au profit des transports en commun, objectif noble s'il en est mais qui ne résout pas le problème du parking.
Jusque-là, la tendance majoritaire était d'enterrer les parkings sous l'immeuble. Mais depuis quelque temps apparaissent ou réapparaissent des modèles architecturaux qui avaient disparu depuis plusieurs décennies. C'est ainsi que les parkings sur les toits font un retour remarqué avec une nouvelle approche de la rampe d'accès, celle-ci se développant soit sur toute la façade comme dans certains immeubles à Tokyo, soit en devenant le toit même du bâtiment comme à Amsterdam.
Dans le même temps, le parking silo refait lui aussi de nouveau son apparition, comme récemment à Stuttgart avec un immeuble-parking entièrement automatisé permettant de garer 124 autos sur 7 étages avec une emprise au sol de seulement 135 m2.
La logique voudrait que la prochaine étape soit la construction d'un immeuble avec un parking connecté directement à chacun des logements. Un "phantasme" que l'architecte François Seigneur a décidé de réaliser avec un projet d'auto-logement permettant via des ascenseurs de monter sa voiture au niveau de son salon.
Cette organisation aurait le triple mérite :
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sur le plan quotidien, de faciliter la vie des automobilistes, notamment pour charger et décharger le coffre de leur auto.
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sur le plan architectural, d'augmenter la surface du logement "de 35 m2, grâce aux économies réalisées sur les parkings en sous-sol".
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sur le plan écologique, de développer la voiture électrique, le projet étant soutenu par EDF.
La pièce en plus ?
Alors la voiture une vraie pièce en plus ? Pour François Seigneur, c'est une évidence : "Dans les publicités, la voiture est presque une maison, une seconde maison. Les sièges sont hyper-confortables, il y a le téléphone, la radio, bientôt la télé. La voiture peut servir de chambre d'amis, une idée qui n'est pas honteuse, qui est envisageable. Nous y sommes presque. La voiture pourrait se greffer sur le logement."
Côté constructeur automobile, le discours n'est pas très éloigné. "Renault travaille par exemple depuis vingt ans sur l'idée de vie à bord, sans impliquer pour autant que la voiture soit une véritable pièce" explique ainsi Patrick Bertholon de chez Renault. "La voiture est une sorte de "pièce unique" qui peut se transformer tout aussi bien en bureau qu'en chambre d'enfant."
Chez Citroën, l'analyse est semblable : "La voiture fait rêver; mais aujourd'hui le rêve n'est plus dans le moteur, il est dans l'habitacle. Nos enquêtes montrent que les gens attendent aujourd'hui de la voiture de nouveaux aménagements" explique Catherine de Ploëg, en charge des nouveaux produits.